La période Ceausescu (1965-1989)

Aprés la disparition de Gheorghiu-Dej en 1965, Nicolae Ceausescu mit la main sur le Parti Communiste Roumain. Il apparaît dans un premier temps, comme nettement moins soumis au Kremlin et se forge une bonne image internationale notamment en établissant des relations diplomatiques avec la R.F.A. (1967) et en dénonçant l'intervention soviétique en Tchécoslovaquie (1968). Comme son prédécesseur, il favorise une politique indépendante face à Moscou : sa position d'alliée "rebelle" de l'Union Soviétique, lui valut le soutien des Occidentaux ("nation la plus favorisée" pour les Etats-Unis en 1975). De plus, dans les années de conflit entre l'U.R.S.S. et la Chine, il mit en œuvre une action ostentatoire de dérusification, notamment en matiére de culture et, contrairement à la volonté russe, encouragea l'industrialisation de ce qui était devenu la République Socialiste de Roumanie en août 1965.

En 1974, Nicolae Ceausescu devient Président de la République. Au niveau intérieur, l'ordre, la sécurité et un niveau de vie en progrès donnent au nouveau chef de l'Etat un certain soutien dans la population. Dans le pays, l'ordre, la sécurité et un niveau de vie acceptable par rapport à l'époque précédente entretiennent dans la population une certaine confiance dans le nouveau chef de l'Etat. Mais Ceausescu, disposant d'un pouvoir absolu, installa une dictature personelle : le "génie des Carpathes" et son épouse Elena, avec l'aide de la fameuse Securitate (police secrète et service de renseignement implacable), mirent en place le régime communiste le plus sévére des pays de l'Est.

Le culte de la personnalité se développe envers le Conducator, "fils le plus aimé de la nation" et "resplendissant militant révolutionnaire". Le nationalisme exacerbé réduit les différends entre les provinces et les opposants sont poursuivis. Les Roumains sont soumis à la systématisation et à l’uniformisation du pays. La population est durement contrôlée par la police secrète (la Securitate, la plus crainte des polices secrètes des pays de l'Est) et par le gouvernement. La Roumanie pratique une politique linguistique ultra-nationaliste et anti-hongroise. Les centres culturels, les théâtres, l'université et les écoles de langue hongroise sont progressivement fermés, les échanges culturels avec la Hongrie fortement réduits, et l'emploi des noms hongrois des villages roumains habités par les minorités interdit en avril 1988.

Parallélement à une politique étrangère originale, Ceausescu imposa donc sa tyrannie - basée sur la répression et une administration trés centralisée - et le culte de la personnalité. La plupart des hauts postes de l'Etat furent distribués aux membres de leur famille et la mégalomanie du nouveau Conducator fut illustrée par de nombreux projets grandioses : le canal Danube - Mer Noire, le réaménagement destructif de la ville de Bucarest, la construction du métro bucarestois (ouvert en 1979), la destruction du Delta du Danube à la suite du développement agricole.

Dés la fin des années 70, il imposa à la population un programme d'austérité destiné à rembourser la dette extérieure du pays en trois ans provoquant des manques important de nourriture partout en Roumanie : la population souffrait à cause du manque de l'essentiel pour un confort décent (nourriture, chaleur, eau chaude, électricité, essence, produits électroménagers, …). Ce fut là sa plus grande erreur : soumise aux privations de toute sorte, la population se révolta à plusieurs reprises dans la vallée du Jiu (1977) ou encore à Brasov (1980 et 1987). Fin 1989, la chute des régimes communistes s'accélére : en Roumanie, ce n'est plus qu'une question de temps. L'étincelle qui alluma la Roumanie fut une manifestation de solidarité envers un pasteur hongrois, le 17 décembre 1989 à Timisoara. Le rassemblement populaire se transforma vite en une manifestation à caractére antigouvernemental. Vers midi, des manifestations eurent lieu à Bucarest au niveau de l'actuelle Place de la Liberté (Piata Libertatii). L'armée et les forces de sécurité ouvrirent le feu et "nettoyérent" ces endroits, enterrant les morts dans des tombes communes ou les brûlant dans un crématorium. La résistance continua et le 19 décembre à Timisoara l'armée fraternisa avec les manifestants.

Le 21 décembre, Ceausescu, revenu précipitamment d'une visite officielle en Iran, décida de ramasser une foule d'ouvriers devant le siége du Comité Central du P.C.R. àBucarest pour prouver au monde que les travailleurs étaient de son côté. Mais, pendant son discours, il fut hué et la tension monta parmi la foule. La confusion s'installa quand les jeunes essayérent de passer les cordons de policiers et tous les ouvriers tentérent de s'échapper ; les manifestants arrivérent au niveau de la Piata Romana et de la Piata Universitatii et les affrontements avec les forces de police commencérent. A l'aube, la place avait été "nettoyée" par l'armée et ses blindées mais à 7 heures, des manifestants se réunir à nouveau au même endroit avant de se diriger vers le siége du Comité Central. Peu a peu, la foule commença crier "l'armée est de notre côté !" et se mélangea avec les troupes envoyées contre les manifestants, offrant des fleurs et des cigarettes aux soldats et sympathisant avec ceux qui leur avaient tiré dessus la veille. A midi, Ceausescu sortit au balcon et essaya de parler, mais la foule se mit à le conspuer et à lui jeter toute sorte d'objets avant de forcer l'entrée du bâtiment. Nicolae Ceausescu et sa femme Elena ainsi que deux membres de son gouvernement s'échappérent par hélicoptére pour Snagov à 30 km de là. Ils voulaient, ensuite, joindre Pitestioù se trouvait une base aérienne et ainsi gagner l'étranger mais à mi-chemin, le pilote de l'hélicoptére simula une panne de moteur et posa l'appareil sur une route nationale. Les gardes du corps de Ceausescu réquisitionnérent une voiture et ils se dirigérent vers Targoviste où, finalement, ils furent arrêtes et conduits dans une base militaire.

Le 25 décembre, Nicolae et Elena Ceausescu furent jugés ensemble par un tribunal anonyme, déclarés coupables, condamnés a mort et exécutés sur place. Ce procés expéditif fut certainement orchestré pour sauver les anciens membres du Parti Communiste : les époux Ceausescu savaient trop de choses et pas mal de personnes très haut placées auraient pu être compromises en cas de procès normal. En effet, l'opposition roumaine préparait un coup d'Etat depuis déjà quelques mois, quand au mois du décembre 1989 les manifestants les forcèrent à avancer leur plan.

 

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